L’EXTRACTION DE L’OR, UNE TRAGÉDIE ENVIRONNEMENTALE
Garantissant la stabilité monétaire, l’or est, on le sait, également utilisé dans bons nombres de domaines, dont la bijouterie. Métal précieux très recherché, il est malheureusement devenu, par ses méthodes d’extraction, une bête noire pour l’environnement.
L’or en lui-même n’est pas le problème, bien sûr. Ses méthodes d’extraction, si.
On est loin en effet des seuls procédés connus depuis les chercheurs d’or du XIXe siècle, alors accroupis dans une rivière avec leurs tamis.
Aujourd’hui, les méthodes sont autrement plus nocives pour l’homme et son environnement. A cette raison, l’utilisation globalisée de l’or.
Très prisé en bijouterie, il l’est aussi dans le domaine de l’électronique, de l’art, de la médecine, du secteur dentaire, de l’aérospatial ou encore, bien sûr, de la monnaie.
190 000 tonnes déjà extraites
Face à la demande croissante, la production mondiale a donc augmenté, décennie après décennie. A tel point que le WGC (World Gold Council) estime à 190 000 tonnes la quantité d’or extraite depuis la découverte du métal jaune, soit l’équivalent d’un cube de 21 mètres de côté ! Les deux tiers l’ont été après la célèbre “ruée vers l’or”.
Et près de la moitié se retrouve dans nos bijoux.
Aujourd’hui, 80% des réserves d’or de la planète auraient déjà été extraits.
Il ne resterait que 54 000 tonnes enfouies, soit 16 ans de production en continuant au rythme actuel !
Pour répondre à cette demande donc, et parce que l’or est le plus souvent présent en quantités infimes dans les structures réticulaires des minéraux rocheux, les orpailleurs utilisent du cyanure et du mercure, deux composés chimiques aussi puissants que nocifs, pour extraire et dépoussiérer l’or.
Ce sont ces composants, extrêmement toxiques pour l’homme lorsqu’ils sont respirés et très polluants pour les sols et l’eau, qui posent véritablement problème. Sans compter la déforestation à grande échelle causée par les installations minières.
Recyclé et sourcé
C’est en prenant conscience de tout cela et en étant, en tant que joaillière, parmi les plus demandeurs au monde, que j’ai pris le parti de n’utiliser que de la matière recyclée et sourcée.
L’impact de production d’un bijou en or est en effet loin d’être anodin.
Une bague en or génère 20 tonnes de déchets miniers, sans compter les fameux mercure et cyanure rejetés dans l’eau. C’est à mes yeux effrayant et inacceptable.
Si cette même bague en or pèse environ 10 grammes, les émissions de GES (gaz à effet de serre) de l’or extrait sont de 381,0 kgs CO2e, alors qu’elles ne sont que de 1,9 kgs CO2e quand il s’agit d’or recyclé.
Ne créer mes bijoux - tous en or 18 carats - qu’en or recyclé ou en argent recyclé, m’est donc apparu être une évidence.
D’autant que le recyclage n’est en rien synonyme de perte de qualité. Les métaux ont en effet la capacité d’être recyclés à l’infini sans que leurs propriétés se dégradent. L’or recyclé est donc absolument identique en apparence et en qualité à l’or “neuf”.
Il provient alors de différentes sources : principalement d’anciens bijoux (90 %), mais aussi de déchets électroniques, dentaires ou de déchets de fabrication.
Cet or ancien est ensuite raffiné : toutes les impuretés et autres métaux constituant les alliages sont éliminés, redonnant au métal originel toute sa pureté.
Le rhodiage : une toxicité méconnue
Autre chose à savoir : une très grande partie des bijoux que vous pouvez trouver dans le commerce en or blanc sont rhodiés. Il s’agit d’une micro couche de rhodium plaquée sur le bijou initial, ayant tendance à s’effacer avec le temps. Ce procédé donne à vos bijoux un reflet plus blanc certes, mais il est incroyablement toxique, car la solution contient des produits chimiques tels que le cyanure ou l’acide sulfurique.
Là encore, je refuse d’utiliser ce procédé. Mes bijoux en or blanc n’étant pas rhodiés, la couleur a donc une teinte légèrement plus sombre.
Je trouve l’or blanc naturel magnifique sans placage inutile et j’estime qu’il est temps de connaître et d’apprécier la vraie couleur de l’or blanc 18 carats.
Pierres, diamants : même combat
Enfin, mes pierres répondent à la même discipline. Issus de mines éthiques, non chauffées et non traitées quand il s’agit des pierres colorées comme les saphirs, j’aime aussi rechercher et réhabiliter, quand cela est possible, des diamants anciens.
La beauté et la qualité se trouvent déjà à notre portée, à la surface du globe.
Pourquoi continuer à les chercher sous nos pieds ?